Projet urbain : dessinons la ville de demain
Brest métropole propose à ses habitants de penser collectivement l’avenir de leur territoire. Ou comment initier les conditions d’une qualité de vie en adéquation avec les attentes des générations futures.
À quoi ressemble ce territoire sur lequel nous vivons aujourd’hui ? Comment le ressentons-nous, comment le vivons-nous au quotidien ? Et surtout, comment voyons-nous son avenir ?
En invitant habitantes et habitants à participer à la démarche de concertation en cours sur le projet urbain de 2040, Brest métropole entend poser dès aujourd’hui les fondations d’un avenir durable pour toutes et tous.
Un projet à bâtir en commun
La métropole ne part pas de zéro. Le projet urbain pour demain, c’est la volonté d’incarner dans un seul et même document l’ensemble des outils qui contribuent à planifier le territoire de demain :
Le tout se déclinant dans un Programme d’aménagement et de développement durables (PADD), qui constitue la feuille de route commune à tous ceux et toutes celles qui font, d’une manière ou d’une autre vivre le territoire.
« Pour élaborer le PADD adopté en 2014, la métropole et ses communes avaient déjà largement consulté les actrices et acteurs du territoire accompagnant nos politiques publiques. Aujourd’hui il s’agit d’élargir l’échange, en allant vers le plus grand nombre, pour être au plus proche de la réalité de ceux qui vivent ici. Nous entamons donc une nouvelle étape, celle qui va nous permettre d’imaginer notre avenir métropolitain », résume Tifenn Quiguer, vice-présidente de Brest métropole en charge de l’urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement.
C’est quoi ce truc ?
Le PLU (Plan local d’urbanisme)
C’est le document clé pour dessiner la vie d’après-¬demain. Ce plan local de l’urbanisme organise l’aménagement du territoire, et fixe les règles d’occupation et d’usage dans chaque commune et quartier. Ce PLU est ici couplé au programme des déplacements et au programme de l’habitat, organisant de fait la répartition des logements sur le territoire, l’organisation des activités (commerces, équipements, industrie…) et des mobilités (transports en commun, vélo, automobile, piétons…).
Le PCAET (Plan climat air énergie territorial)
C’est le plan climat de la métropole, qui en définit les ambitions en matière de production d’énergies renouvelables, de baisse des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique.
« Un projet urbain ne peut surtout pas être qu’une affaire d’experts ! L’idée aujourd’hui est de comprendre dans quelle réalité nous vivons, quels sont les défis qui se posent à nous, et nous projeter ensemble sur nos ambitions pour l’avenir de ce territoire », Tifenn Quiguer, vice-présidente en charge de l’Urbanisme, de l’aménagement et de l’habitat.
Concertation en ligne ou sur le terrain
Dès ce mois de décembre, la concertation démarre donc, en ligne sur Jeparticipe.brest.fr ou sur le terrain. « Impliquer les habitants dans la réflexion, c’est donner un sens aux politiques d’aménagement du territoire. Mieux elles seront comprises, mieux elles seront portées par le plus grand nombre », rappelle Delphine Herry, à l’atelier d’études urbaines de Brest métropole. Et c’est bien l’objectif : faire avec, pour faire mieux pour le plus grand nombre, dans une logique d’intérêt général.
Et ce, dans tous les domaines qui font nos quotidiens, des déplacements à l’habitat et l’emploi, en passant par nos modes de consommation, les services dont nous voulons disposer à proximité, mais aussi l’environnement et la nature, plus présents ici qu’ailleurs.
« On est sur un territoire exceptionnel, une ville en belvédère, avec des vallons, des espaces naturels… C’est une vraie richesse à valoriser, dont nous n’avons pas toujours conscience au quotidien », poursuit Delphine Herry.
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211 920
habitants sur 8 communes (Adeupa, 2024)
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40 %
a moins de 30 ans
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25 %
plus de 60 ans (en progression)
Le saviez-vous ?
Ici, 14 % de ménages sont en situation de pauvreté contre 17 % en moyenne dans les métropoles hors Paris. Cependant, il faudra veiller à un bon équilibre : aujourd’hui, les quartiers relevant de la politique de la ville concentrent en moyenne 46 % des ménages les plus pauvres.
Changer…
C’est de toute cette matière existante, qui évolue en permanence, que le projet urbain de demain doit se nourrir, pour imaginer comment Brest métropole restera un territoire où il fait bon vivre dans les 25 ans qui viennent.
Vieillissement de la population, numérisation des activités comme changement climatique feront partie de l’équation. « Avec la loi Climat et résilience, on sait que, d’ici à 2050, le principe premier sera une moindre consommation du foncier. Il faut donc imaginer comment continuer à loger les habitants, dans une logique de densité urbaine, comment continuer à accueillir les acteurs économiques et les activités qui font la vie de notre territoire, comment continuer à se renouveler sur l’espace existant », note Stéphane Rioual, à la direction des dynamiques urbaines de Brest métropole.
De grands défis à relever dès aujourd'hui !
- D’ici 2050, zéro artificialisation nette et neutralité carbone ;
- 97 % des habitants de la métropole souhaitent de la nature en ville ;
- Augmentation moyenne des températures : + 1 °C en 2035 / + 3 °C en 2100 ;
- Le territoire comporte d’ores et déjà des îlots de chaleur, sur lesquels il faudra travailler, pour les rendre moins vulnérables aux pics de chaleur, notamment au port de commerce, dans les zones commerciales…
Changer… pour le mieux !
Outre cette date butoir de 2050 qui verra s’appliquer le principe du Zéro artificialisation des terres naturelles et agricoles à l’échelle de la France, la loi prévoit aussi, à la même échéance une neutralité carbone : « On ne pourra pas émettre plus que ce que l’on est en mesure d’absorber », indique Anne-Claire Urvoas-Hatin, à la direction de l’écologie urbaine.
Un cadre restrictif donc ? À moins que l’on n’y voie une opportunité pour améliorer l’avenir, en construisant un territoire durable, sobre en énergie, où la nature sera omniprésente, nous protégeant ainsi des aléas du changement climatique.
L’occasion aussi de révéler la ville dans ses richesses naturelles, en aménageant un cadre de vie où les espaces verts feront partie intégrante du quotidien, et où les espaces publics, adaptés aux modes de déplacements actifs, sauront mieux accueillir les générations, dans des aménagements accessibles aux plus petits comme aux plus âgés. Tentant, non ?
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61 %
des logements antérieurs à 1975
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200 %
progression du vélo en 5 ans
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60 %
des déplacements en voiture
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114
kilomètres de linéaire côtier
Imaginer demain
Imaginez le territoire de demain, avec deux lignes de tramway, une ligne de téléphérique, une ligne de Bus à haut niveau de service (BHNS), des rues apaisées, des espaces partagés avec les piétons, les voitures et les vélos… Cette image projetée du futur des déplacements sur Brest métropole n’a rien du mirage.
D’ores et déjà, le chantier Mon réseau grandit le préfigure, avec la mise en service de nouvelles lignes de ligne de tramway et de BHNS prévue début 2026. « Ces aménagements ont été pensés depuis l’an 2000. Aujourd’hui, on voit que les usages continuent à évoluer, et il est logique de penser à la suite », explique Claire Chusseau-Hamard, à la direction des mobilités de Brest métropole.
Moyen d’accès à nos activités quotidiennes (travail, loisirs…) et levier majeur dans la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre, la manière de se déplacer ne sera pas anodine demain. « Après le Covid, les habitudes ont changé. La numérisation a fait que les rythmes de vie ne sont plus aussi calés qu’avant. De même, la crise énergétique a fait revoir à beaucoup leurs modes de déplacement ».
Et demain ? « Il faudra, après avoir écouté les besoins des uns et des autres, trouver des solutions pour le plus grand nombre. Ce qui passera aussi par des réponses pour tous les âges, avec une volonté d’accessibilité à la mobilité pour les plus âgés, mais aussi une ville qui se veut à hauteur d’enfant. »
Le second plan climat air énergie territorial de Brest métropole arrive à son terme. Il a permis des avancées notables, notamment dans l’adaptation au changement climatique, via la déconnexion des eaux pluviales (qui permet aux eaux de pluie de s’écouler dans le sol et ne pas engorger le réseau unitaire en cas de pluies fortes), la rénovation énergétique du bâti (renouvellement urbain à Bellevue et Recouvrance, réhabilitation des écoles publiques à Brest, portail Tinergie pour l’aide à la rénovation privée…).
« Mais au regard des objectifs de la loi Climat et résilience, il faudra sans doute aller plus loin et plus vite, pour consommer moins d’énergies fossiles et produire plus d’énergies renouvelables », souligne Anne-Claire Urvoas-Hatin, à la direction de l’écologie urbaine de Brest métropole.
Car le territoire est comme tous les autres victime du changement climatique. En témoignent la sécheresse de 2022 et les problèmes d’approvisionnement en eau potable des territoires voisins. La préservation de cette ressource sera donc cruciale, tout comme celle de la biodiversité. « Pour préserver la biodiversité, il faudra rétablir les corridors écologiques qui les relient, afin de permettre aux espèces de se déplacer et se reproduire », pointe Mathilde Jean, qui travaille sur le sujet à Brest métropole. Enfin, il sera nécessaire de savoir renaturer la ville : « Cela sera un facteur déterminant pour la résilience du territoire, face aux pics de chaleur, aux inondations… ».
Comment penser le logement de demain et après-demain ? La feuille de route du programme local de l’habitat « reste à revoir, car la vie a changé, tout simplement », estime Cédric Peinturier, à la direction de l’habitat de Brest métropole. Et cela, tout candidat à la location ou l’achat d’un appartement ou d’une maison sur le territoire a pu le constater ces dernières années. À cela, plusieurs causes, dont l’évolution des modes de vie (séparation, départ des enfants ou familles recomposées…), la crise sanitaire, l’inflation…
« Aujourd’hui, trouver un logement sur le territoire est plus complexe qu’hier, même si l’accès au logement est plus aisé qu’ailleurs. Il faut continuer à produire des logements, mais surtout accentuer le renouvellement urbain, tout en veillant à conserver la mixité sociale, et ainsi n’exclure personne », poursuit Anne-Hélène Cariou en charge du suivi de la politique de l’habitat à Brest métropole.
Là encore, les défis sont majeurs. Avec en premier lieu celui de répondre aux besoins en logements. Il faudra aussi adapter le parc existant (majoritairement issu des années 70) qui, s’il veut rester attractif pour les nouveaux ménages, devra gagner en qualité (thermique, confort…).
Le vieillissement de la population demandera aussi d’imaginer de nouvelles formes d’habitat. Des règles valables pour tout le territoire, qui devra tout à la fois bien loger ses habitants, à un coût accessible, et dans un environnement mêlant services, commerces et nature en ville.
Comment participer à cette grande concertation ?
Dès ce mois de décembre, Brest métropole va vers ses habitantes et habitants, mais aussi vers toutes celles et ceux qui vivent sur le territoire, en y passant, en y travaillant… Depuis quelques jours, la concertation autour de l’élaboration du projet urbain de la métropole est ouverte en ligne sur jeparticipe.brest.fr. En parallèle, des stands d’information et d’échanges permettent à celles et ceux qui le souhaitent de participer.
À la gare, à l’université, dans les zones commerciales et dans chacun des sept quartiers brestois et chacune des sept communes hors Brest, il va ainsi être possible de s’informer sur ce projet, mais aussi de donner son point de vue, son ressenti sur la métropole d’aujourd’hui… et ses envies pour celle de demain.
Un questionnaire est également disponible sur Jeparticipe. Les associations seront invitées à y adresser des Cahiers d’acteurs au printemps 2025.
Enfin, les inscriptions sont ouvertes pour la phase 2 de la démarche, pour participer, à compter des mois de février/mars 2025, à des ateliers sur les enjeux à travailler et les orientations du futur projet urbain.
Tous ces échanges alimenteront, au fur et à mesure, la réflexion sur le projet et sur la définition des grandes orientations qui feront ensuite l’objet de débats lors d’un conseil de métropole et des conseils municipaux, d’ici la fin de l’année. Le projet devra ensuite être adopté d’ici à 2028.
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